La Mauritanie est l’un des pays sahéliens les plus durement éprouvés par
les sécheresses successives de ces trente dernières années. Ces aléas
climatiques graves ont eu des conséquences dramatiques comme l’insécurité
alimentaire, la dégradation de l’environnement et des conditions
socio-économiques générales du pays.
Devant l’ampleur du problème, et à l’instar de nombreux autres pays touchés par
la sécheresse et la désertification, la Mauritanie a exprimé une volonté
politique ferme de lutter contre ce fléau.
C’est dans ce cadre qu’a été créé le Club du Sahel, structure de concertation
et de sensibilisation ou encore le « Comité permanent Inter-Etats de Lutte
contre la Sécheresse dans le Sahel (CILSS) ». En 1977, la communauté
internationale, dans le cadre de la Conférence des Nations Unies sur la
Désertification, tenue à Nairobi, a pris la bonne mesure de l’ampleur du
phénomène.
En 1980, le CILSS a élaboré, lors d’une réunion tenue au Koweït, une stratégie
de lutte contre la sécheresse et de développement des pays du Sahel, dont les
deux objectifs fondamentaux étaient l’autosuffisance alimentaire et l’équilibre
écologique. Cette stratégie comportait quatre options fondamentales :
• Développement des productions céréalières ;
• Résistance à la sécheresse ;
• Développement de masse ;
• Prise en charge progressive de leur propre
développement par les producteurs.
Toutefois, la mise en œuvre de toutes ces stratégies n’a pas produit les
résultats escomptés du fait de la complexité de la problématique de la
désertification : ses causes, ses manifestations et la diversité des acteurs
impliqués. En pratique, les approches développées ont été jugées trop
sectorielles et la gestion centralisée, ce qui a abouti à une faible
implication des populations dans la lutte contre la désertification.
Suite à ce constat d’échec, la Mauritanie a choisi d’intégrer la lutte contre
la désertification dans un processus plus global de développement durable du
pays incluant à la fois les aspects, techniques, les facteurs socio-économiques
et les facteurs juridiques et institutionnels. Cette volonté s’est traduite par
:
• l’élaboration d’un « Plan Directeur de Lutte Contre la
Désertification (PDLCD) » ;
• l’élaboration d’un « Programme Multisectoriel de Lutte Contre
la Désertification (PMLCD) » ;
• la ratification de la « Convention des Nations Unies sur la
Lutte Contre la Désertification dans les pays gravement touchés par la
sécheresse et/ou la Désertification, en particulier en Afrique », par laquelle
les gouvernements signataires s’engagent à adopter une démarche de « bas en
haut » à laquelle sont associées les populations locales, les autorités
nationales et la communauté internationale.
• l’élaboration d’un « programme d’action national de lutte
contre la désertification en Mauritanie (PAN LCD) »
II- Climat
Le climat de la Mauritanie est sous la dépendance des variables latitudinales
et l’influence de la mer. Il est généralement chaud et sec sauf dans la zone
côtière (climat doux) qui est balayée en permanence par les courants modérés
des îles de Canarie. Il se caractérise par une régression continue des
précipitations, qui connaissent de grandes variations interannuelles se
traduisant par d'importants écarts qui peuvent dépasser 80% du déficit par rapport
à la normale. Elle connaît deux saisons essentiellement :
1. une saison pluvieuse caractérisée par trois mois de
pluviosité irrégulière et mal répartie,
2. une saison sèche très longue de quelques neuf mois.
Le pays peut être distingués en quatre grandes zones écologiques sur la base
d'un étagement de la pluviométrie depuis le Nord Saharien où elle est voisine
de zéro, jusqu'à l'extrême Sud Soudano-sahélien où la moyenne des dernières
trente années est voisine de 450 mm. Pour avoir une idée sur la climatologie du
pays lors des dix dernières années (voir tableau)
III- Situation de la dégradation des terres en Mauritanie
La dégradation et la perte des capacités productives des terres est très avancé
en Mauritanie suite à la combinaison des contraintes multiformes allant
du climat, l’effet anthropozoogène (sédentarisation, surpâturages, aménagements
hydro agricoles.. ;) la conception de programmes/projets, la mobilisation des
ressources, la mise en œuvre et le suivi évaluation.
La Mauritanie a connu une série de sécheresses de 1913 à 1993, feux de brousse
ajouté à ceci des effets anthropozoogène. La situation actuelle se caractérise
par une dégradation graduelle et généralisée des sols et de l'écosystème qui a
pour conséquence :
1)- un déplacement vers le sud de la limite de l'aridité.
Ainsi, l'isohyète 150 mm est venu s’installer à l'emplacement de
l'isohyète 250 mm, soit une extension du désert sur une superficie
additionnelle de 15 000 000 ha;
2)- une sédentarisation galopante de la population rurale qui
est passée de 940.000 habitants en 1977 à 2 034
009 habitants en 2005. Cette sédentarisation a été un facteur accélérateur des
bouleversements des systèmes traditionnels à travers une pression quasi permanente
sur les ressources naturelles pour la satisfaction des besoins alimentaires,
énergétiques, pastoraux, etc. ;
3)- un taux de déboisement avoisinant 2,9%, soit 3 fois
supérieur à la moyenne en Afrique subsaharienne, contre un taux d’accroissement
local estimé à 0,16m3/ha/an, pour une couverture des formations forestières
ligneuses de 4.387.000 ha (4,25 % de la superficie totale du pays). Ceci est
accentué par l’absence quasi - généralisée du contrôle devant être
effectué par les services compétents de l'Etat résultant notamment de leur
faible dotation en moyens.
4)- une rétrécissement de plus en plus des parcours suite à
l’avancement de la désertification qui avance du Nord au Sud associée au
développement de l'agriculture dû aux aménagements hydro agricoles au Sud du pays,
crée des sources de conflits potentiels entre agriculteurs et éleveurs et entre
éleveurs eux-mêmes.
5)- une capacité de charge fourragère variable entre
1,5 Millions UBT à 2,5 Millions UBT selon les bonnes et/ou mauvaises années, or
l'effectif du cheptel national à besoin de 3,5 Millions d'UBT, d’où un
déficit général d’environ 1,5 Millions UBT/an.
6)- Un bouleversement du système pastoral traditionnel dans
un écosystème Saharo-Sahelien déjà très fragilisé. La plus part des parcours ne
sont plus composés que par une biomasse herbacée constituée de graminées
annuelles à cycle végétatif très court en remplacent des graminées vivaces qui
sont en voie de réduction. Ce qui a entraîné un affaiblissement général des
anciens mécanismes de régulation qu'ils soient d'ordre biologique, social ou
politique
7)- une détérioration des différents écosystèmes et des
biotopes servant de niche écologique et d’habitat à plusieurs espèces végétales
rares et gibiers sauvages menacés de disparition ;
8)- une mutation profonde constatée au niveau des valeurs
religieuses et socioculturelles… ;
9)- une consommation de bois-énergie (1 800 000 m³ de bois
par an) trois (3) fois plus importante que la croissance naturelle des
formations végétales ligneuses (560 000 m³ de bois par an). A ce sujet il faut
noter que la Mauritanie est caractérisée par une forte prédominance des
énergies traditionnelles (bois et charbon de bois). La consommation est
essentiellement dominée par les combustibles ligneux avec 87,2 % en 1999
et 92% en 2004).
10)- une érosion éolienne des terrains sablonneux du fait des
vents, avec la formation des dunes mobiles, des dépôts de sable sur les champs
et autres infrastructures,
11)- une érosion hydrique sur les hautes terres et les
plaines inondées,
12)- un appauvrissement des sols en matières organiques, en
termes de fertilité, d'humidité et de composition structurelle
L’état de dégradation des écosystèmes et des terres est préoccupant et pour
preuve voici deux exemples fulgurant
a- Exemple 1 : Etat de dégradation du couvert végétal entre 1982 et 1997
b- Exemple 2 : Etat de dégradation des terres dans la vallée du Fleuve
Sénégal
c- Exemple 3 : Estimation des pertes de forêts dues à la sécheresse de 1972 à
1977
IV- Actions entreprise dans le cadre de la lutta contres la dégradation des
terres
La Mauritanie a engagé depuis l’indépendance des actions et des programmes de
lutte contre la dégradation des terres, de protection et de conservation de
l’environnement (ressources naturelles) pour juguler ce phénomène préoccupant.
Il est utile de noter que la lutte contre la désertification et la conservation
des ressources naturelles ne sont qu’au début de processus. Par ailleurs, les
autres aspects liés à l’amélioration de cadre de vie de la population, à
l’environnement urbain et à la lutte contre la pauvreté qui contribue pour
grande part au développement durable sont abordés et pris en considération dans
tout le processus de développement. Pour plus d’information consulter le
rapport national sur l’état d’exécution de la convention
La Mauritanie a entrepris entre autres des mesures importantes dans le :
1. cadre institutionnel
2. cadre juridique
3. cadre politique
4. cadre des expériences pratiques
L’expérience Mauritanienne en matière de lutte contre la désertification et la
dégradation des terres est riche et variée. Plusieurs projets et programmes
directement ou indirectement liés à la lutte contre la désertification et la
dégradation des terres ou à l’atténuation des effets de la sécheresse ont eu
lieu.
• Une première génération de projets et programmes a été
entreprise s’inscrivant dans un cadre stratégique de lutte contre la
désertification. Ces projets qui se distinguent par les caractères intégré et
multisectoriel sont soutenu par un groupe de partenaire tels que le PNUE. PNUD,
FAO,…
• Une deuxième génération des projets et programmes
comprenant une dimension environnementale a prévalu depuis le sommet de Rio de
Janeiro et se compose de PANE, Agenda 21, Sahel 21. Ces projets ont été appuyés
par l’Agence française de Développement et le FEM
• Une troisième génération des projets et programmes orientés
vers la lutte contre la pauvreté ou le développement durable comme axe
stratégique d’intervention a vu le jour avec la participation des acteurs en
particulier la population locale concerné. Cet axe d’intervention inclut
l’approche terroir et participative. Ces projets ont été accompagnés par le
RFA, PNUE et le Banque Mondial.